L'enfant TDAH et la thérapie familiale
- scarla72
- 9 sept.
- 6 min de lecture

L’enfant TDAH et l’approche systémique
Et si le TDAH était une réponse à un déséquilibre familial ?
Dans mon travail de thérapeute familial, je rencontre souvent des enfants diagnostiqués TDAH. Ils sont décrits comme agités, inattentifs, impulsifs… Et pourtant, derrière ces comportements, il y a parfois autre chose. Quelque chose de plus subtil, de plus relationnel.
Et si ces enfants ne faisaient que réagir à un environnement familial où les frontières sont floues, les rôles inversés, les émotions confuses ?
Et si leur comportement était une manière – maladroite mais sincère – d’exprimer un malaise que personne n’ose nommer ?
🌱 Les frontières dans la famille : un cadre sécurisant (cf paragraphe ci-dessous "les frontières familiales")
Dans une famille, les frontières sont comme les lignes d’un dessin : elles permettent à chacun de savoir où il commence et où il s’arrête. Quand elles sont claires, l’enfant peut grandir en sécurité. Mais quand elles sont trop rigides ou trop perméables, il peut se sentir perdu, envahi, ou au contraire abandonné.
Un enfant qui court partout, qui interrompt sans cesse, qui ne tient pas en place… peut être un enfant qui cherche désespérément à trouver sa place dans un système confus.
🧩 L’enfant comme miroir du système
Les enfants sont des éponges émotionnelles. Ils absorbent les tensions, les non-dits, les conflits larvés. Et parfois, leur agitation est une manière de dire : “Quelque chose ne va pas ici.”
Ce n’est pas une accusation envers les parents – bien au contraire. C’est une invitation à regarder autrement. À se demander : que vit mon enfant à travers moi ? Qu’est-ce qu’il essaie de me dire avec son comportement ?
💬 Repenser le TDAH avec douceur
Le diagnostic peut être utile, bien sûr. Il permet de poser des mots, de chercher des solutions. Mais il ne doit pas devenir une étiquette qui enferme. Car chaque enfant est unique, et chaque famille a son histoire.
Plutôt que de chercher à “corriger” l’enfant, pourquoi ne pas explorer ensemble le climat familial ? Revoir les rôles, les attentes, les émotions partagées. C’est souvent là que se trouve la clé.
“Et si, au lieu de demander à l’enfant de changer, on commençait par changer le regard qu’on porte sur lui ?”
DIAGNOSTIC du TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) est un processus délicat, qui demande à la fois rigueur clinique et sensibilité au développement de l’enfant.
🔍 Le diagnostic du TDAH : à quel âge et comment le comprendre avec bienveillance
Quand un enfant semble toujours en mouvement, a du mal à se concentrer ou agit sans réfléchir, les parents peuvent se sentir désemparés. Le mot "TDAH" surgit parfois comme une explication, mais aussi comme une source d’inquiétude. Alors, comment savoir si ce diagnostic est pertinent ? Et à quel moment peut-on vraiment le poser ?
🧒 Les premiers signes : entre normalité et vigilance
Il est tout à fait normal qu’un jeune enfant soit remuant, rêveur ou impulsif. Ces comportements font partie du développement. Mais lorsque ces signes deviennent envahissants — qu’ils perturbent la vie familiale, scolaire ou sociale — il peut être utile de consulter.
Les premiers signes du TDAH peuvent apparaître dès 3 à 6 ans, mais à cet âge, il est difficile de distinguer un trouble d’un tempérament vif ou d’une réponse à un environnement stressant.
🎒 L’âge du diagnostic : quand l’école devient un révélateur
C’est généralement à partir de 6 ans, avec l’entrée à l’école, que le diagnostic devient plus fiable. L’enfant est alors confronté à des exigences de concentration, de régulation émotionnelle et de respect des consignes. Si les difficultés persistent dans plusieurs contextes (à la maison, à l’école, dans les activités), cela peut orienter vers un TDAH.
Les professionnels s’appuient sur des critères précis, et les symptômes doivent être présents depuis au moins 6 mois et avant l’âge de 12 ans.
🧠 Un diagnostic qui prend son temps
Le TDAH ne se diagnostique pas en une seule consultation. Il faut :
Des entretiens approfondis avec les parents et l’enfant.
Des questionnaires remplis par les enseignants et les proches.
Une observation du comportement dans différents environnements.
Parfois, une évaluation neuropsychologique pour mieux comprendre le fonctionnement cognitif de l’enfant.
Le processus d’évaluation est rigoureux : entretiens avec les parents, questionnaires, observation du comportement dans différents contextes, parfois des tests neuropsychologiques. Il permet de poser un diagnostic nuancé, en tenant compte de l’histoire familiale, du contexte émotionnel et du développement global de l’enfant.
Ce processus permet d’exclure d’autres causes possibles : anxiété, troubles du sommeil, difficultés familiales, etc.
Précautions à prendre
Le TDAH ne doit pas être confondu avec des réactions à un stress familial, un traumatisme, ou un environnement instable.
Il est essentiel d’exclure d’autres causes possibles (troubles anxieux, troubles du sommeil, difficultés relationnelles…).
Le diagnostic ne doit jamais être posé sur une seule consultation ou sur la base d’un comportement isolé.
💬 Et si le diagnostic était une porte, pas une étiquette ?
Recevoir un diagnostic peut soulager : enfin, on met des mots sur ce que l’on vit. Mais il ne doit pas enfermer l’enfant dans une case. Il doit être vu comme un point de départ pour mieux comprendre, mieux accompagner, et parfois… mieux questionner.
Mais surtout, ce diagnostic ne doit pas devenir une étiquette. Il peut être une porte d’entrée vers une meilleure compréhension, une invitation à explorer ce que l’enfant cherche à dire à travers son comportement.
Car derrière les symptômes, il y a souvent une histoire. Une dynamique familiale. Un enfant qui cherche à dire quelque chose.
“Le TDAH n’est pas une faute, ni une fatalité. C’est une invitation à écouter autrement, à regarder plus loin que le comportement.”
Les frontières familiales, selon l’approche systémique, pour aider les parents à comprendre comment ces mécanismes invisibles influencent le comportement de leur enfant :
🧭 Les frontières familiales : un repère essentiel pour l’enfant
Dans une famille, tout ne se voit pas. Il y a des règles implicites, des rôles, des attentes… et surtout, des frontières relationnelles. En thérapie systémique, ces frontières sont comme des lignes invisibles qui organisent les relations entre les membres de la famille. Elles permettent à chacun de savoir où il commence, où il s’arrête, et comment interagir avec les autres.
🧱 Qu’est-ce qu’une frontière familiale ?
Une frontière, c’est ce qui délimite les rôles, les responsabilités et les émotions entre les membres d’un système familial. Elle peut être :
Claire et souple : chacun a sa place, les rôles sont bien définis, mais il y a de la communication et de la flexibilité.
Trop rigide : les échanges sont bloqués, chacun reste dans son coin, les émotions ne circulent pas.
Trop perméable : les rôles s’entremêlent, les enfants prennent des responsabilités d’adultes, les émotions des uns débordent sur les autres.
L’idéal est une frontière claire mais flexible, qui permet à l’enfant de se sentir en sécurité tout en évoluant librement.
🧒 Quand les frontières sont floues, l’enfant s’adapte… à sa manière
Un enfant a besoin de repères pour grandir. Si les frontières sont mal définies, il peut :
S’immiscer dans les conflits parentaux, comme s’il devait les résoudre.
Adopter un rôle de “petit adulte”, en prenant soin d’un parent en détresse.
Tester les limites sans cesse, parce qu’il ne sait pas où elles se trouvent.
Ces comportements peuvent ressembler à du TDAH : agitation, impulsivité, difficulté à se concentrer… Mais ils sont parfois des réponses à un environnement instable, plus que des symptômes d’un trouble neurologique.
🧩 Exemple concret : le rôle inversé
Imaginons une famille où un parent traverse une période difficile (dépression, séparation, stress intense). L’enfant, sensible à cette souffrance, peut chercher à “aider” ou à “soulager” ce parent. Il devient hyperactif, drôle, envahissant… non pas par caprice, mais pour détourner l’attention ou alléger l’ambiance.
Dans ce cas, l’enfant n’est pas le problème, il est le messager d’un déséquilibre relationnel.
🌱 Restaurer des frontières saines
En thérapie familiale, on travaille à :
Redonner aux parents leur rôle d’adulte, contenant et sécurisant.
Permettre à l’enfant de redevenir enfant, libre d’explorer, de jouer, de se tromper.
Clarifier les règles et les rôles, pour que chacun sache où il se situe.
Quand les frontières sont rétablies, l’enfant n’a plus besoin de “crier” par son comportement. Il peut enfin se poser, se concentrer, respirer.
“Les enfants ne cherchent pas à déranger. Ils cherchent à exister dans un monde qui parfois, ne leur donne pas assez de repères.”
Laetitia Defranchi Accueil
Références : Ferreira (2019), Elkaïm (2003), Angel et Duriez (2004), Albernhe & Albernhe (2003) – approches francophones sur les liens entre TDAH, dynamique familiale et thérapie systémique.



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